11 janvier 2006

Homme pour homme

Je ne sais pas combien de fois j'ai vu cette pièce depuis sa création, mais je me régalais pourtant d'avance d'ajouter une unité au compteur. En réalité, cette représentation allait forcément être différente (je veux dire au-delà des variations d'un jour sur l'autre) car Régis Goudot, qui s'était fracturé le genou pendant les répétitions l'an dernier, pouvait enfin être sur les planches. C'était donc une recréation qui s'annonçait.
Je ne sais pas dire ce qui a changé dans la mise en scène de Didier, mais le défaut principal que j'avais relevé l'an dernier a complètement disparu. Je trouvais que Galy Gay, joué par l'exceptionnel Georges Gaillard, passait trop brutalement du rôle de gentil naïf à celui de chef de guerre. On ne sentait pas la progressivité du basculement de son ancienne identité à sa nouvelle et cela posait un léger problème de crédibilité. A présent c'est parfait. Peut-être est-ce juste Georges qui l'est, et ne l'était pas encore l'an dernier.
A l'arrivée, beaucoup de plaisir en tant que spectateur, moins comme photographe car Didier a sensiblement baissé l'intensité globale de l'éclairage et j'ai eu bien du mal à réaliser des clichés corrects. Mais comme le spectacle ne sera sans doute plus rejoué, je vous en colle tout de même quelques-unes.






07 janvier 2006

Camille Claudel

Je suis allé voir cette lecture "mise en espace", comme on dit, des écrits épistolaires de Camille Claudel pour plusieurs raisons. D'abord pour l'intérêt du sujet car je ne connaissais que trop vaguement la vie terrible de ce sculpteur de génie (ne comptez pas sur moi pour écrire sculpteure comme il semble que cela devient la triste et laide règle). Ensuite pour le plaisir d'entendre la voix de Sylvie Maury dont le timbre grave et chaud parviendrait à insuffler de l'émotion à une lecture du Bottin. Enfin pour aller au Grenier, lieu que j'aime beaucoup mais qui sert beaucoup moins depuis que la troupe de Francis Azema s'est transférée au Pavé.
J'ai beaucoup aimé cette lecture polyphonique des courriers de Camille Claudel, dont le choix chronologique nous fait glisser avec elle de l'enfermement sur elle-même à l'enfermement physique dans ces asiles d'alénés dans lesquels elle a fini sa vie, avec en toile de fond la condition féminine d'il y a à peine un siècle puis les conditions extrêmes de la vie carcérale
de l'époque.
C'est une vraie réussite d'avoir réussi à faire d'une lecture un spectacle aussi fort, qui plus est entre les deux séries de représentations du Misanthrope. C'est bien dommage qu'il soit joué si peu. J'espère que le "temps des cerises" (ou le marathon des mots) lui offrira une nouvelle chance.