14 mars 2006

Don Juan ou "le festin de pierre"

Jean-Pierre Beauredon et sa compagnie Beaudrain de Paroi s'installent pour un mois et demi (!) au Pavé avec leur nouvelle création : "Don Juan" (d'un jeune auteur de talent, Molière, dont on reparlera sûrement). C'est en réalité une re-création, vingt ans (ou presque) après, avec une bonne partie de la distribution d'origine.
Comme Cathy Brisset, photographe émérite, joue dans la pièce, je me suis dit qu'elle serait peut-être contente d'avoir quelques clichés d'une représentation , alors j'ai pris mon appareil photo. J'ai tout de même demandé l'autorisation à Jean-Pierre qui, croyant sans doute que j'allais shooter au flash et risquer d'effrayer le cheval (si si, le cheval...), m'en a autorisé "une ou deux". Sachant que je n'utilise jamais de flash dans un théâtre et qu'en plus mon appareil, le Bridge, ne fait aucun bruit, j'ai fait semblant de comprendre qu'il s'agissait d'une ou deux... centaines. Hum, hum...
En attendant une galerie complète sur le site, j'ai extrait quelques photos pour illustrer ce blog.
Corinne Mariotto a préambulé (quoi, ça n'existe pas, préambuler ? Ah bon...) sur la situation des intermittents :

On ne redira jamais assez à quel point leur situation est précaire. Peu d'entre eux parviennent à vivre correctement de leur art. Tout est à la baisse dans le milieu du théâtre, dans une spirale négative très inquiétante. Les subventions diminuent, le nombre de lieux de diffusion également, et le protocole Unedic achève de précariser acteurs et techniciens.
Mais revenons à la pièce. Le rideau s'ouvre (oui, je sais, il n'y a pas de rideau, mais c'est une expression, rhoooo) et l'on découvre la scène et son décor :


Pas inoubliable, le décor, soyons honnête. Pas moche non plus. Juste un support neutre.
Puis Jean-Pierre, je veux dire Don Juan, arrive fièrement sur sa rossinante :



Je ne suis pas sûr que la présence du canasson sur la scène s'imposait, mais il avait l'air tout fier là-dessus, alors bon... c'est lui le chef, il fait ce qu'il veut...
Après la scène dite d'exposition entre Don Juan et Sganarelle (joué par l'excellent Philippe Bussière, en tout point remarquable), arrivent les deux paysans, Pierrot et Charlotte (alias Cathy Brisset et Denis Rey) :


Scène d'anthologie (et de patois) avec un Denis Rey phénoménal. Cette scène vaut à elle seule le déplacement. Après sa prestation inoubliable l'an dernier dans "Ca va la vie si vite", c'est un nouveau morceau de bravoure que lui offre Jean-Pierre. Cathy est très bien aussi, dans un rôle moins remuant.
Sur la photo suivante, on voit Jean-Pierre jongler cyniquement avec ses deux dernières conquêtes :


Autre scène excellente, Monsieur Dimanche (joué par Francis Azéma que l'on reconnait à peine) venu tenter de récupérer son argent et qui se fait rouler dans la farine aussi bien par Don Juan que par Sganarelle :


Et puis la pauvre Elvire, pathétique :


Elvire donc (Sylvie Maury), qui va tenter de changer le coeur de Don Juan, lui offrir sa rédemption. Mais rien n'y fait. En tout cas pas ce soir...


Sganarelle n'y parvient pas mieux :


Après avoir déshonoré les femmes, insulté Dieu et méprisé le Diable, l'heure du châtiment a sonné, et c'est le Commandeur s'en chargera (je raconte un peu la pièce, mais bon, on ne peut pas dire que le scénario soit particulièrement méconnu) :


Et pi voilà, il est mort. Ce qui devait arriver est arrivé...


En guise d'oraison funèbre, Sganarelle pleure sur ses gages disparus avec son Maître. Ainsi soit-il.
Ben voilà, le roman-photo est terminé. C'était une belle soirée qui pourrait se résumer ainsi : des acteurs excellents dans un décor acceptable et avec une mise en scène plutôt réussie, même si l'on peut s'interroger sur la justification de la présence en fil rouge de toute une ménagerie (cheval, furet, chien divers...).