24 octobre 2005

My dinner with André

3h45 assis sur un banc sans entracte, et dans de délicieuses odeurs de cuisine alors qu’on n’a soi-même pas encore mangé… Supplice ? Et bien non ! Quand le fond et la forme sont au rendez-vous, on supporte les pires conditions matérielles.

Le Garonne étant en travaux, c’est sous une tente - disons plutôt un chapiteau - que ce spectacle était donné. Nous avons assisté à un repas entre deux convives du milieu du théâtre qui se retrouvaient après une séparation de plusieurs années, le dit repas étant préparé sur place par un cuisinier installé avec son matériel au fond de l’espace scénique (d’où les délicieux fumets qui parvenaient à nos narines et faisaient grimacer nos estomacs vides). Le propos ne peut se résumer simplement. Si je devais essayer de le faire, je parlerais d’une opposition entre un amateur de situations extrêmes, seules capables d’après lui de procurer ces chocs qui font se sentir vraiment vivant et dont résulterait paradoxalement une intensité plus forte des moments les plus banals de la vie, et un défenseur d’une vie simple, rationnelle et modérée. Le premier est riche, content de lui-même, d’un égocentrisme sans limite, et n’aspire qu’à des choses élevées, voire ésotériques. Le second est humble, bon vivant et se débat dans les difficultés financières. Le résultat est un dialogue drôle et profond sur le sens que chacun donne à sa vie. Les comédiens (des groupes belges Tg Stan et De Koe) sont absolument excellents. On en sort fatigué physiquement, avec une fringale terrible mais avec l’intellect rassasié.